Texte du discours de M. Michel Vauzelle - 27 mai 2005

Texte du discours de M. Michel Vauzelle - 27 mai 2005Président de la Pégion Provence-Alpes-Côte d'Azur Congrès national des Communes Forestières de France, Opio - 26 & 27 mai 2005

CONGRES NATIONAL DES COMMUNES FORESTIERES DE FRANCE

Club Méd, OPIO - 27 mai 2005

DISCOURS DE

MICHEL VAUZELLE,

Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Permettez moi de saluer:

Charles-Ange GINESY, Premier Vice-Président, représentant le Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes

Yann GAILLARD, Président National de l'Association des Communes Forestières de France

Jean-Claude MONIN, Président délégué de l'Association des Communes Forestières de France

AndréWERPIN, Président régional des communes forestières de Provence-Alpees-Côte d'Azur et Maire de la Garde-Freinet

Gaston FRANCO, Président de l'Association des Communes Forestières des Alpes-Maritimes

Pierre-Olivier DREGE, Directeur Général de l?O.N.F.

Monsieur le représentant de Dominique BUSSEREAU, Ministre de l'Agriculture, Forêt et Mer

Mesdames, Messieurs,

Vous me permettrez tout d'abord, Monsieur le Président, de vous remercier d'avoir choisi ce département des Alpes maritimes et cette région de Provence-Alpes-Côte d'Azur pour organiser ce congrès annuel de la fédération nationale des communes forestières. Au cours de ces deux journées de travail et de rencontre vous avez dû apprécier nos paysages forestiers, mais aussi très certainement imaginer la difficulté qu'il peut y avoir à les préserver en y maintenant une activité économique. Votre venue est pour nous avant tout un signe de reconnaissance de l'identité forestière de notre région où la forêt occupe près de 40% du territoire. Les forêts montagnardes et méditerranéennes se mêlent ici et jouent un rôle fondamental sur les plans social, environnemental et économique.

Dans cette région sans doute plus qu'ailleurs le terme de multifonctionnalité prend tout son sens. Les coupes de bois ; l'attrait touristique et paysager ; l'accueil du public ; les loisirs de proximité et j'imagine qu'il y a quelques chasseurs dans cette assemblée qui ne me démentiront pas ; la préservation de la biodiversité ; la régulation hydrologique qui constitue un élément essentiel à l'heure où nous parlons beaucoup de prévention des inondations et je pense notamment à cette rivière toute proche de la Siagne, sur laquelle la Région s'est toujours investie massivement ; la protection des sols en particulier dans ce département où les glissements de terrain sont un danger permanent ; la protection contre les avalanches témoignent de notre spécificité régionale et appellent une gestion particulière. La Loi d'Orientation Forestière de 2001, largement inspirée du Rapport Bianco que nous avions tous plébiscité, a introduit cette notion de multifonctionnalité. Cette reconnaissance est essentielle dans cette région où, en raison des surcoûts liés aux difficultés d'accès et la qualité de certaines de nos essences, le prix de revient des coupes de bois ne peut permettre à nos entreprises et indirectement à nos communes de s'y retrouver dans un marché concurrentiel.

La protection et la valorisation de la forêt constituent un élément important de l'aménagement de notre territoire. Aussi, avons-nous développé une politique ambitieuse au c?ur de laquelle nous avons placé, parce qu'il est un acteur fondamental de la gestion forestière, le Maire.

La Loi ne nous confie strictement aucune compétence en matière forestière. Nous avons néanmoins développer une politique volontariste dans ce domaine orientée autour de trois priorités : Protection, valorisation, restauration. Restauration, parce que dans cette région, les catastrophes sont régulières et notre devoir de solidarité nous oblige à aider les maires à intervenir après sinistre pour mettre en sécurité les zones dévastées, et les aider progressivement à retrouver leurs paysages. Valorisation, parce que notre forêt régionale a besoin d'être exploitée, d'être entretenue. Si ce n'est pas l'Homme qui le fait, c'est alors la Nature qui s'en charge et de manière souvent plus brutale. Notre forêt progresse en surface et en volume. Elle a gagné au cours de ce dernier siècle sur les terres agricoles abandonnées faute de rentabilité. Elle s'est peu à peu fermée, et si cela fait le bonheur des sangliers, il fait aussi celui des incendiaires. Voila pourquoi nous devons explorer toutes les pistes de valorisation : le bois d'?uvre ou d'industrie, mais aussi le bois-énergie que nous avons fortement développé dans cette région. Protection enfin, parce que notre forêt est soumise à de nombreuses menaces dont la plus évidente est l'incendie. Les images terribles des incendies des Maures, et je salue ici mon ami André WERPIN, sont encore dans nos mémoires.

Si notre forêt régionale est essentiellement privée, et qu'à ce titre nous avons noué des partenariats avec le Centre Régional de la Propriété Forestière, notre politique est principalement orientée vers les élus locaux. A travers les forêts communales, ses obligations légales ou son rôle de police, le Maire est un acteur central de la politique forestière. Mais s'il a des devoirs, encore faut-il lui donner les moyens de les assumer. C'est ce que je répète depuis de nombreux mois au Premier ministre en ce qui concerne la nouvelle étape de la décentralisation qu'il a engagée, mais je dois l'avouer, sans véritable succès à ce jour !

Nos aides directes sont donc principalement orientées vers les communes. Nous avons cependant souhaité aller plus loin en établissant de véritables partenariats avec les communes forestières à travers leurs associations départementales ou l'Union régionale. Nous aidons les associations départementales de communes forestières pour l'information, la formation des élus, l'animation de programmes d'actions particuliers. Avec l'Union régionale des associations de communes forestières, nous avons noué de nombreux partenariats dont je ne citerai que la création de l'Observatoire de la Forêt Méditerranéenne. Il s'agissait de construire un outil d'aide à la décision pour les acteurs locaux, et en premier lieu les maires qui sont souvent démunis devant la multiplicité et la complexité de l'information, même si les conseils avisés des services de l'Office National des Forêts, avec qui nous avons aussi passé une convention pour l'accueil du public en forêt domaniale, leur sont d'un précieux réconfort. Il s'agissait aussi d'offrir un lieu de concertation permanente où élus, gestionnaires, scientifiques, services techniques de l'Etat ou des collectivités, usagers, propriétaires pouvaient se rencontrer et échanger. Cet Observatoire, dont l'idée originale vous revient, Monsieur le Président WERPIN, fonctionne particulièrement bien aujourd'hui et dispense une information de qualité très recherchée.

A la suite des incendies des Maures, nous avions d'ailleurs décidé d'organiser chaque année dans le cadre de l'Observatoire, des rencontres régionales pour échanger sur l'avenir de notre forêt régionale. Ces échanges nous ont amené à réfléchir à de nouveaux dispositifs d'aide que nous nous apprêtons à soumettre à l'assemblée régionale le 24 juin prochain. Parmi les mesures importantes, vous me permettrez d'évoquer ici celles concernant l'appui à l'élaboration de stratégies communales intégrées de débroussaillement et les plans communaux ou de massif d'amélioration de la gestion forestière :

Le débroussaillement est une question essentielle pour l'élaboration d'une politique de prévention des incendies efficaces. Il est unanimement reconnu comme facteur de limitation des risques et de réduction des dégâts en cas de feux. Lors des grands incendies, les forces de luttes sont accaparées par la protection des constructions non débroussaillées.

L'expérience a montré qu'une phase complète d'animation et de diagnostic préalable permet de limiter de façon considérable le nombre de procédures de débroussaillement d'office. L'objectif est donc pour nous de donner les moyens aux Maires des petites communes rurales de faire face à ce problème. Il s'agira entre autres d'aider à l'animation préalable et le contrôle des débroussaillements, à la création d'interfaces entre la forêt et les zones habitées, au débroussaillement des terrains communaux et de créer un fond d'avance remboursable pour enfin permettre aux maires de procéder aux opérations de débroussaillement d'office chez les propriétaires récalcitrants. C'est une mesure importante à laquelle nous proposerons à l'Etat et aux Conseils Généraux de s'associer.

L'autre action que nous souhaitons développer concerne les plans communaux ou de massif d'amélioration de la gestion forestière. La priorité portera notamment sur l'établissement de plans de gestion collectifs dans les forêts privées fortement morcelées et soumises à des enjeux importants. Les aides concerneront les actions de sensibilisation des propriétaires et des élus des communes forestières, les études et diagnostics de massifs, l'élaboration de stratégies de gestion de la forêt privée à l'échelle communale ou intercommunale, l'animation et les travaux. Là encore j'espère que l'Etat sera un partenaire fidèle.

Je dois toutefois avouer mon inquiétude lorsque je vois le désengagement général de l'Etat. L'année passée, les velléités de réduction des crédits du Conservatoire de la Forêt Méditerranéenne ont été rattrapées in extremis, mais la menace est toujours présente. Nous attendons de l'Etat un signe fort de sa détermination à lutter contre les incendies en accordant des moyens accrus pour la prévention et la lutte.

Je dois dire par ailleurs mon inquiétude sur les directives européennes combinées à la volonté gouvernementale de remettre en cause le service public ferroviaire et notamment de l'activité fret. Cela est tout fait inacceptable d'autant qu'en parfaite contradiction avec toutes les bonnes intentions affichées de faire du développement durable, de réduire la pollution atmosphérique et de lutter contre l'effet de serre, puisque ce qui ne sera plus transporté par le train, le sera par route. Et ce enfin que dans notre région, et c'est la raison pour laquelle j'évoque ce sujet ici devant vous, cela peut porter gravement atteinte à l'ensemble de la filière bois.

J'ai regretté de ne pouvoir être présent hier pour accueillir le Ministre de l'Agriculture et de la Forêt et lui dire cela de vive voix. J'en aurais profité d'ailleurs pour lui demander qu'il nous aide à créer une AOC pour le Mélèze des Alpes du Sud. Nous avons la chance de posséder dans cette région une essence unique en France, recherchée pour sa qualité. Prenons exemple sur le monde de l'agriculture où de nombreuses exploitations ont réussi à se maintenir et à se développer en jouant la carte de la qualité. Cette piste me semble intéressante à explorer car la voie de la qualité est sans doute pour nous le seul moyen de préserver notre exploitation forestière dans un marché appelé à être de plus en plus concurrentiel et qui peut porter à terme de graves atteintes à notre territoire.

Je vous remercie.