Porter notre voix au niveau européen et partager nos expériences entre pays forestiers

Porter notre voix au niveau européen et partager nos expériences entre pays forestiersLa Fédération nationale des Communes forestières agit auprès des institutions européennes pour exprimer les attentes des élus et améliorer la prise en compte des enjeux forestiers dans les politiques européennes. Pour cela, elle peut compter sur le soutien de la FECOF mais aussi sur les partenariats établis avec d'autres pays forestiers européens, comme récemment en Slovénie.

La Fédération nationale des Communes forestières a participé les 13 et 14 septembre 2017 en Slovénie au 2ème voyage d'étude prévu dans le cadre du programme Interreg Bio4Eco.
Environ 35 participants se sont retrouvés à Ljubljana pour découvrir la stratégie forestière du Service Forestier Slovène (équivalent de l'ONF en France) et son lien avec les enjeux de transition énergétique et de préservation de la biodiversité.

Une gestion multifonctionnelle

Les premiers échanges au coeur du Parc National de Triglav ont permis d'illustrer le lien très fort existant entre les Slovènes et leurs forêts, avec une gestion des forêts multifonctionnelle. La première visite illustre cette volonté. Le site de Pokljuka regroupe en effet un centre d'entrainement pour sportif de haut niveau et un dortoir militaire, tandis que la forêt d'épicéa dans lequel ces infrastructures sont implantées correspond à une importante forêt de production.
Des infrastructures sont également présentes pour faciliter l'accueil du grand public (randonnée, cueillette de champignons...).

Un même service forestier pour tous les propriétaires publics et privés

La gestion de l'ensemble des forêts est orientée par le Service Forestier Slovène, celui-ci réalise ainsi un « service forestier public » sur l'ensemble des forêts du territoire, indépendamment de leurs tailles ou propriétés, à différentes échelles :

  • nationale au travers de l'application du Programme de développement forestier, qui détermine les grands principes de gestion durable des forêts ;
  • régionale avec la réalisation de plans régionaux de gestion forestière (14 unités régionales en Slovénie) et plans régionaux de chasse ;
  • locale avec la réalisation des plans de gestion forestière des unités économiques (93 unités locales et 408 « districts » forestiers) et des plans de culture. Un plan de gestion est valable 10 ans et peut être réévalué à mi-parcours.

Le Service Forestier travaille en étroite coopération avec les propriétaires forestiers : communes et propriétaires privés, en tant que planificateur et oriente le développement de l'ensemble des forêts vers un objectif de multifonctionnalité. Cette planification est gratuite pour les propriétaires, depuis la Constitution slovène et de la loi forestière de 1953 prescrivant la nécessité d'organiser la gestion forestière dans l'intérêt général.


Mobilisation et changement climatique

La mobilisation des bois passe aussi par la dynamisation de l'exploitation en forêt privée. Une association de propriétaires a ainsi été créée en 2003 et regroupe aujourd'hui 432 membres. Une entreprise de travaux forestiers a été créée à la suite par des membres de l'association et permet de mutualiser les travaux forestiers : Abattage et récolte de bois, broyage, construction et entretien de routes forestières.

La majorité du bois exploité par cette entreprise (15.000  mètres cubes de plaquettes/an en moyenne) est exportée en Autriche sous forme de grumes ou de plaquettes.
La problématique des perturbations climatiques a également été abordée. La fréquence des catastrophes naturelles (tempêtes, épisodes inhabituels de gel ...) perturbe en effet la régénération naturelle des forêts.
Ces perturbations conduisent à la réalisation de coupes sanitaires massives, affaiblissant la stabilité bioécologique des forêts et rendant difficile la mise en marché des bois.

Bois énergie et sylviculture dynamique

La seconde journée a été dédiée à des visites et échanges sur le bois énergie, l'entreprise Bioamasa, dont les activités principales sont la vente et l'entretien de chaufferie/réseau de chaleurs produit environ 150.000 mètres cubes de plaquettes forestières par an (en vente directe humide, séchée ou transformée en pellets). Le bois utilisé est local et majoritairement issu de forêts labellisées. A Branska, commune de 2500 habitants au nord-est du pays, le maire a exposé la stratégie mise en place pour développer l'utilisation des énergies renouvelable sur son territoire. La proximité de la ressource bois (40 à 60% de l'approvisionnement en bois est effectué dans un rayon de 20km) et la présence d'entreprises locales produisant des chaufferies ont favorisé la création de deux chaufferies (70.000 à 100.000 mètres cubes de plaquettes consommées par an) et d'un réseau de chaleur reliant aujourd'hui 284 consommateurs (dont les principaux bâtiments publics).

Le système a été amélioré en 2005 avec ajout d'un module solaire et d'une centrale de cogénération. Un nombre minimum de consommateurs reliés est indispensable à la rentabilité à moyen terme du projet. Le raccordement au réseau est gratuit pour les particuliers sous condition d'achat de la « station » de conversion, le prix de l'électricité est d'environ 74€/MW.

Les prochaines étapes

En septembre 2018, la Fédération nationale des Communes forestières organisera le séminaire final du programme BIO4Eco à Paris.

D'ici là, un séminaire se tiendra en Roumanie au mois de mars et un voyage d'étude est prévu en Finlande au mois de juin.